De l'idée au produit TEMO - #3 :
Le procédé industriel
TEMO est un propulseur électroportatif pour petites embarcations nautiques né dans la tête de son concepteur en mai 2018. Après l'élaboration du design et plusieurs maquettes partielles il aura fallu 9 mois de R&D pour concevoir le prototype commercial.
Suite aux tests d’usage, de sécurité et de fiabilité, il a été mis entre les mains des plaisanciers et des pêcheurs qui l’ont tout de suite adopté en précommandant les premières unités.
Il fallait donc passer de la production de cette première unité à l’industrialisation de plusieurs centaines de TEMO.
“Mettre en œuvre le procédé industriel”
Emeric Menanteau - Chef de projet
Un challenge réussi grâce à un expert du domaine : Axandus, l'accélérateur industriel de Sercel.
À quelques centaines de mètres du bureau, à Nantes, l’entreprise accompagne la croissance et le développement de start-ups innovantes dans leur phase d’industrialisation. Des industriels experts en mécatronique et en étanchéité, basée en métropole Nantaise... la collaboration semblait évidente !
TEMO a tout de suite suscité leur intérêt et nous pouvons compter depuis sur l’accompagnement de leur équipe et de son chef de projet Emeric Menanteau.
Bonjour Emeric, pourrais-tu nous présenter la mission d’Axandus sur le projet TEMO ?
La mission d’Axandus est de réussir l'industrialisation de TEMO. Il y a une marche énorme entre la fabrication du prototype et la mise sur le marché et Axandus est là pour aider TEMO à monter en compétence industrielle.
Cela implique deux phases essentielles :
1) S’assurer que le prototype réalisé répond bien aux contraintes imposées par une fabrication à grande échelle et y apporter les améliorations nécessaires pour une production série.
2) Élaborer ensuite tout le scénario de production pour qu’il soit le plus simple, le plus qualitatif et que le produit final soit le moins coûteux possible tout en respectant le cahier des charges.
Comment s’assure-t-on qu’un produit peut être industrialisé ?
La première étape va être d’analyser le prototype et de s’assurer que ce dernier est conforme au cahier des charges. Il faudra ensuite l’adapter aux contraintes de l’industrialisation pour en limiter le coût de revient.
C’est un travail que nous avons mené de concert avec l’équipe TEMO et le bureau d’études CIMTECH, qui a conçu le prototype.
Nous avons voulu un produit facile à assembler mais aussi facile à entretenir et réparer pour en prolonger la durée de vie. Pour produire en France comme exigé par TEMO, il faut optimiser le temps d’assemblage et repenser chaque composant tout en gardant une parfaite cohérence générale du produit.
Quelles sont les étapes clés avant de pouvoir assembler les moteurs TEMO par centaines ?
La première étape c'est bien sûr le cahier des charges. Afin de ne pas faire marche arrière, il faut s’assurer que tout a été pris en compte. Aussi bien sur les fonctionnalités souhaitées que sur les conditions d’utilisation, de garantie, de sécurité etc…
Ensuite il faut repenser tous les composants de la nomenclature et étudier leur cycle de vie complet : sourcing, tests, assemblage, maintenance, réparation, remplacement, recyclage, etc. Chaque étape du cycle de vie de chaque composant est interdépendant des autres, d'où la complexité d’une industrialisation. On ne peut penser un composant sans l’associer au développement des autres.
Un gros travail de sourcing a donc été réalisé par nos équipes. Le sourcing consiste à identifier les meilleurs fournisseurs pour chaque composant et tous les prestataires qui sauront répondre au mieux aux besoins de TEMO. Plusieurs critères sont passés en revue. On ne regarde pas que le prix mais aussi et surtout la qualité, les délais et la pérennité des approvisionnements. Il ne s’agit pas de refaire le travail si un des composants venait à disparaître du marché.
L’étape suivante est aussi essentielle : la batterie de tests. En effet, il n’est pas concevable de livrer des unités dont les composants n’auraient pas été validés méthodiquement. Nous avons effectué des tests de résistance physique et électronique sur les principaux composants et mesuré les performances globales du propulseur sur des bancs de tests.
Pour parfaire l’exercice, plusieurs prototypes ont été montés et les plans ont pu ainsi être finalisés. Ceci permettant également de faire en parallèle tout le travail réglementaire.
Chaque étape de l’industrialisation est primordiale car elle vise à construire, suivre et délimiter le prix de revient du propulseur. Ce dernier évoluera dans les mois à venir grâce notamment à la production de séries plus importantes.
À quel moment donne-t-on le départ pour commencer à fabriquer les préséries ?
Une fois que nous avons validé les prototypes, refait les derniers ajustements sur les plans à l’aide du designer et du bureau d’études et que tous les fournisseurs ont été identifiés, il incombe à TEMO de donner le top départ pour débuter la fabrication des préséries. Ce lancement doit être anticipé selon les différents temps d’approvisionnement des fournisseurs et cela implique :
1) La réalisation des moules et outillages nécessaires à la fabrication des pièces.
2) L’approvisionnement et les livraisons des différents composants en tenant compte des délais associés.
Le top départ a été donné et la fabrication des premiers TEMO est aujourd’hui en cours chez vous, près de Nantes. Comment cela se passe ?
Très bien. Malgré la crise sanitaire et le confinement de ce printemps, le projet a pu avancer sereinement et nous avons entamé la phase de fabrication des préséries et commencé à livrer les premiers clients TEMO.
Ce montage en présérie nous apporte un premier retour d’expérience et nous pourrons, si besoin, amender les méthodes utilisées et apporter de nouvelles améliorations sur le procédé de montage pour les séries suivantes. Nous allons monter en puissance progressivement sur les prochains 6 mois jusqu’à ce que TEMO puisse assurer un rythme de production soutenu.
Le rôle de l’accélérateur est de mettre en place tout le procédé industriel pour que la start-up ait en main un synopsis complet de toute la chaîne de fabrication. Et qu’elle puisse ensuite se tourner vers une usine de production classique. Notre mission s’arrête une fois que TEMO aura livré les premières préséries et que la chaîne d’assemblage sera rodée.
Mais ça c’est la théorie, la collaboration avec TEMO durera tant qu’elle sera bénéfique pour les deux parties. Axandus étant une entité à part entière de SERCEL, un industriel reconnu dans la fabrication de produits mécatroniques, cela ouvre les portes à une potentielle collaboration sur le long terme. :-)
Merci Emeric !
Emeric Menanteau - chef de projet start-up chez AXANDUS
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